Le marché immobilier : un secteur clé de l'économie française
Vous cherchez à acheter, vendre ou louer un bien immobilier ? Vous vous interrogez sur l'évolution des prix, des taux ou de la demande dans votre région ? Bienvenue sur le marché immobilier ! Ce vaste écosystème regroupe l'ensemble des transactions portant sur des biens immobiliers (logements, bureaux, terrains...) sur un territoire donné.
Représentant près de 2 500 milliards d'euros en valeur et 1,2 million de ventes par an, le marché immobilier français est l'un des plus importants d'Europe. Il constitue un moteur essentiel de l'économie, par son impact sur la consommation, l'investissement, la construction et l'emploi. Mais c'est aussi un marché complexe et fluctuant, soumis à de multiples influences (démographie, pouvoir d'achat, fiscalité, urbanisme...).
Comment fonctionne ce marché si particulier ? Qui en sont les principaux acteurs ? Et quels facteurs déterminent son évolution ? Décryptage par Guy Hoquet.
Qu'est-ce que le marché immobilier ?
Le marché immobilier désigne l'espace économique où se rencontrent l'offre et la demande de biens immobiliers, débouchant sur la formation de prix et la réalisation de transactions.
On distingue généralement :
- Le marché résidentiel : logements individuels (maisons) ou collectifs (appartements) à usage d'habitation principale ou secondaire
- Le marché tertiaire : bureaux, commerces, entrepôts, hôtels... à usage professionnel
- Le marché foncier : terrains à bâtir ou agricoles, biens ruraux...
Chaque marché obéit à des logiques spécifiques en termes de localisation, de prix, de rentabilité et de réglementation.
Au sein de ces marchés, on oppose souvent :
- Le marché du neuf : biens immobiliers neufs ou en construction vendus par des promoteurs ou des constructeurs. Prix généralement plus élevés mais avantages fiscaux et techniques (frais de notaire réduits, garanties décennales, normes énergétiques...).
- Le marché de l'ancien : biens immobiliers de seconde main, vendus par des particuliers ou des professionnels. Prix plus bas, mais travaux souvent nécessaires et risques accrus (vices cachés, passoires thermiques...).
- Le marché locatif : biens proposés à la location par des bailleurs privés ou sociaux. Souplesse et moindres coûts, mais contraintes (bail, loyer, charges...) et absence de constitution de patrimoine.
Le marché immobilier se caractérise par une forte segmentation géographique. Il existe en réalité une multitude de "micro-marchés" locaux, avec leurs dynamiques propres, influencées par des facteurs démographiques, économiques et urbanistiques de proximité. D'où l'existence de fortes disparités territoriales en matière de prix, de volumes et de types de biens échangés.
Il se distingue des autres marchés par la nature même des biens immobiliers :
- Des biens durables (plusieurs décennies) impliquant un engagement long
- Des biens coûteux nécessitant un financement important (crédit, apport)
- Des biens uniques et non substituables (localisation, architecture...)
- Des biens hétérogènes en termes de taille, d'usage, de standing...
- Des biens réglementés par de nombreuses normes juridiques, fiscales et techniques
Autant de caractéristiques qui expliquent la relative inertie et opacité du marché immobilier par rapport à d'autres marchés plus fluides et transparents (comme les marchés financiers). Les transactions y sont moins fréquentes, plus longues et plus complexes, les prix moins homogènes et moins lisibles. L'information y est souvent parcellaire et asymétrique entre acheteurs et vendeurs.
Exemple : Après 2 ans de recherche, Julie et Thomas finalisent l'achat de leur premier appartement à Bordeaux pour 300 000 €. Construit il y a 10 ans, ce T3 de 70 m² est situé dans un quartier prisé, à proximité du tramway. Le couple a dû s'endetter sur 20 ans et payer 15 000 € de frais de notaire. Mais ils estiment avoir fait une bonne affaire par rapport aux prix pratiqués pour le neuf. Leur principale crainte : une dégradation du marché qui ferait baisser la valeur de leur bien.
Les acteurs du marché immobilier
Le marché immobilier met en relation de multiples acteurs aux intérêts souvent divergents :
- Les acquéreurs (particuliers, investisseurs, entreprises) qui recherchent un bien pour se loger, investir ou développer une activité. Ils arbitrent en fonction de leur capacité financière, de leurs besoins et de leurs préférences.
- Les vendeurs (particuliers, professionnels) qui souhaitent céder leur bien pour concrétiser une plus-value, changer de logement ou libérer de la trésorerie. Ils comparent les prix de marché pour fixer le leur.
- Les promoteurs immobiliers qui construisent et commercialisent des programmes neufs. Ils achètent des terrains, obtiennent des autorisations, réalisent des travaux et vendent à la découpe ou en bloc.
- Les bailleurs (particuliers, institutionnels) qui proposent des biens en location pour en tirer des revenus réguliers. Ils arbitrent entre le niveau de loyer, le taux de rendement et le risque locatif.
- Les locataires (ménages, étudiants, entreprises) qui louent un bien pour y résider ou y exercer une activité, sans immobiliser de capital. Ils comparent les loyers, les charges et les prestations.
- Les agents immobiliers qui mettent en relation vendeurs et acquéreurs, bailleurs et locataires, moyennant une commission. Ils estiment les biens, diffusent des annonces, organisent des visites et rédigent des compromis.
- Les notaires qui rédigent et authentifient les actes de vente, de donation, de succession... Ils conseillent les parties, vérifient la régularité de l'opération, collectent les impôts et publient l'acte.
- Les banques qui financent les acquisitions immobilières via des prêts garantis par une hypothèque. Elles analysent les dossiers, proposent des taux et des assurances, et portent le risque de défaut.
- Les experts immobiliers qui évaluent la valeur vénale ou locative des biens pour le compte des propriétaires, des acheteurs ou des tribunaux. Ils inspectent les biens, analysent les marchés et appliquent des méthodes comparatives ou de rentabilité.
- L'État et les collectivités qui régulent le marché via la fiscalité (droits de mutation, taxes foncières, aides à l'accession...), l'urbanisme (permis de construire, plans locaux...) et le logement social (HLM, prêts aidés...).
Le marché est aussi influencé par d'autres professionnels : architectes, géomètres, constructeurs, aménageurs, administrateurs de biens, syndics, avocats, assureurs...
Tous ces acteurs interagissent et s'adaptent en permanence à l'évolution de l'offre et de la demande, contribuant ainsi à la formation des prix et à la fluidité du marché. Mais ils disposent d'informations et de moyens inégaux pour peser sur son fonctionnement.
Les déterminants du marché immobilier
Le marché immobilier est soumis à de nombreux facteurs qui influencent son niveau d'activité, ses prix et ses tendances :
- Facteurs démographiques : la croissance de la population, le vieillissement, la décohabitation, les migrations... stimulent ou freinent la demande de logements. Une population jeune et dynamique soutiendra le marché.
- Facteurs économiques : le niveau de vie, le pouvoir d'achat, le taux de chômage, la croissance... impactent la capacité des ménages à acheter ou louer. Une économie en expansion favorisera le marché.
- Facteurs financiers : les taux d'intérêt, les conditions de crédit, le coût de l'assurance... déterminent le budget des acquéreurs et la rentabilité des investisseurs. Des taux bas doperont le marché.
- Facteurs fiscaux : les droits de mutation, les impôts locaux, les avantages fiscaux (Pinel, prêt à taux zéro...) allègent ou alourdissent le coût d'acquisition et de détention. Une fiscalité incitative soutiendra le marché.
- Facteurs réglementaires : les normes de construction, de performance énergétique, d'urbanisme, d'attribution des logements sociaux... encadrent la production et la transaction immobilières. Des règles stables et lisibles sécuriseront le marché.
- Facteurs sociologiques : les modes de vie, les aspirations résidentielles, la mobilité professionnelle, l'attachement à la propriété... orientent les choix immobiliers des ménages. Une société mobile et désireuse d'accéder à la propriété alimentera le marché.
- Facteurs politiques : les élections, les alternances, les réformes, les bouleversements géopolitiques... créent un climat plus ou moins propice à l'investissement immobilier. Un environnement serein et prévisible rassurera le marché.
- Facteurs locaux : les spécificités d'un territoire en termes d'attractivité, d'emploi, de transports, d'équipements, de cadre de vie... attirent ou repoussent certaines catégories d'acheteurs ou locataires. Une ville dynamique et agréable dopera son marché.
Selon la conjoncture, ces différents facteurs peuvent se combiner ou s'opposer, rendant le marché immobilier plus ou moins dynamique, tendu ou détendu, haussier ou baissier. Mais rarement de manière uniforme et synchrone sur l'ensemble du territoire.
D'où l'importance pour les acteurs du marché de suivre ses évolutions, en s'appuyant sur des indicateurs fiables et localisés : indice des prix, taux de rotation, délais de vente, taux de vacance, taux d'effort, rendements locatifs... afin d'objectiver leur prise de décision.
Guy Hoquet répond à vos questions sur le marché immobilier
Le marché immobilier est-il efficace ?
- La faible fréquence et liquidité des transactions (délais de vente longs, coûts élevés...)
- Le manque de transparence sur les prix réels (pas de cotation centralisée, rétention d'informations...)
- L'hétérogénéité des biens non substituables (unicité des biens, subjectivité des préférences...)
- La multiplicité des acteurs aux intérêts divergents (acquéreurs, vendeurs, intermédiaires...)
Vaut-il mieux acheter ou louer ?
- À court terme (moins de 5 ans), la location est plus intéressante car les frais d'acquisition et les intérêts coûtent plus cher que les loyers économisés.
- À long terme (plus de 15 ans), l'achat est plus rentable car les mensualités sont inférieures aux loyers et le capital se constitue.
- Entre 5 et 15 ans, les deux options s'équivalent et dépendent des situations locales.
La réponse dépend donc de la situation de chacun : âge, situation familiale et professionnelle, niveau de revenu et d'apport, origine géographique, projets de vie... Sans oublier un facteur psychologique : l'attachement des Français à la pierre. Près de 70% sont propriétaires de leur résidence principale.
Comment se portent les différents segments du marché ?
- Ancien : les ventes reculent (-13% à fin février) et les prix se stabilisent autour de 1,5% sur un an. Les biens "surcotés" et énergivores sont boudés. Les avant-contrats se replient (-28%) ce qui présage un atterrissage des prix.
- Neuf : les ventes aux particuliers baissent (-21% à fin 2022) et les prix progressent de 6%. Les promoteurs pâtissent du resserrement du crédit et des coûts de construction. Mais les ventes en bloc et la demande en zones tendues limitent le repli.
- Crédit : les taux remontent (3% sur 20 ans fin avril) et les conditions d'octroi se durcissent (apport, assurance, taux d'effort). La production de crédits recule (-20%) malgré un rebond début 2023.
- Construction : les mises en chantier (376 000) et les permis de construire (469 000) baissent de 10% en 2022. Les coûts, les recours et les normes environnementales freinent les projets. Mais le besoin structurel de logements (400 000/an) subsiste.
- Immobilier d'entreprise : l'investissement recule (-12% à 21 milliards d'euros en 2022) dans un contexte de hausse des taux et d'attentisme des entreprises. Les commerces souffrent, les bureaux résistent, la logistique et les services progressent.
Quel impact de la réforme du DPE sur le marché ?
- Les logements F et G, qui représentent 5 millions de passoires thermiques, voient leur valeur et leur attractivité baisser. Leur location sera interdite dès 2025 (G) puis 2028 (F). Leur vente devra mentionner le coût des travaux de rénovation.
- Les logements D et E, soit la moitié du parc, risquent aussi une décote et un allongement des délais de vente, en raison de leur faible performance. Les logements A, B et C, mieux isolés, bénéficient d'un avantage compétitif en termes de prix et de liquidité. Les acheteurs privilégient ces "valeurs vertes".
- Le marché de la rénovation énergétique est dopé par les obligations de travaux et les aides publiques (Ma Prime Rénov, éco-prêt à taux zéro...). Les entreprises du bâtiment en profitent.
L'essentiel à retenir sur le marché immobilier
- Le marché immobilier est l'espace économique où se rencontrent l'offre et la demande de biens immobiliers (logements, bureaux, terrains...), conduisant à la réalisation de transactions et à la formation des prix.
- Il se caractérise par la nature durable, coûteuse, unique et réglementée des biens échangés. D'où sa relative inertie, opacité et segmentation géographique par rapport aux autres marchés.
- Il fait intervenir de multiples acteurs (acquéreurs, vendeurs, agents, notaires, banques, promoteurs, collectivités...) aux intérêts souvent divergents mais interdépendants.
- Il est influencé par de nombreux facteurs économiques, démographiques, financiers, fiscaux, réglementaires, sociologiques et politiques qui déterminent son dynamisme et son orientation.
- Après des années fastes, il amorce un atterrissage en 2023 sous l'effet de la remontée des taux et du resserrement du crédit. Mais il reste soutenu par des fondamentaux solides (démographie, besoins, épargne...). La prudence reste de mise.
Le marché immobilier est un reflet fidèle de notre société : à la fois un marqueur de nos modes de vie, un support de nos aspirations, un levier de politique publique et un enjeu de pouvoir d'achat. À chacun de trouver sa place dans cet écosystème complexe mais passionnant !
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