Titre de propriété

Titre de propriété

Le titre de propriété : la preuve par excellence de la propriété immobilière

Vous avez acheté un bien immobilier (appartement, maison, terrain...) ou vous en avez hérité ? Vous disposez sûrement d'un "titre de propriété" qui atteste officiellement de vos droits sur ce bien. Ce document est essentiel pour prouver votre qualité de propriétaire et pour réaliser toute opération ultérieure (vente, donation, hypothèque...). 

Le titre de propriété est l'acte juridique qui établit et transfère les droits de propriété sur un bien immeuble. C'est la preuve légale et incontestable que le bien appartient à telle personne, à telle date et selon tel mode d'acquisition. Il est opposable à tous.

Mais quelle est la nature exacte d'un titre de propriété ? Quelles mentions doit-il comporter ? Comment se le procurer quand on ne l'a pas ? Et à quoi sert-il concrètement ? Guy Hoquet vous explique.

Définition : qu'est-ce qu'un titre de propriété ?

Un titre de propriété est un acte juridique qui constate l'existence et l'étendue du droit de propriété d'une personne (physique ou morale) sur un bien immobilier. C'est un mode de preuve privilégié de la propriété, au même titre que l'usucapion (possession prolongée) ou la prescription acquisitive.

Il peut porter sur différents types de biens :

  • Un immeuble bâti : maison individuelle, appartement, immeuble collectif... 
  • Un immeuble non bâti : terrain nu, parcelle agricole, bois, vignes... 
  • Un lot de copropriété : partie privative quote-part de parties communes. 
  • Des droits immobiliers : usufruit, nue-propriété, servitude, emphytéose...

Le titre retrace de façon certaine l'origine de propriété (la chaîne des propriétaires successifs) et les caractéristiques du bien (situation, contenance, description...). Il permet d'identifier qui est le propriétaire actuel et l'étendue de ses droits.

En France, le titre de propriété par excellence est l'acte authentique dressé par un notaire, officier public. Cet acte est signé par les parties (vendeur, acquéreur) en présence du notaire qui en atteste la date et le contenu. Il est conservé à vie dans les archives notariales (la "minute") et une copie exécutoire est remise aux parties.

L'acte authentique peut constater différentes opérations immobilières transférant ou modifiant la propriété :

  • Une vente immobilière (volontaire ou forcée). 
  • Une donation ou un legs (par testament). 
  • Un échange de biens immobiliers. 
  • Un apport à une société civile immobilière (SCI). 
  • Une division de parcelle (lotissement) ou une réunion de parcelles.

Il est rédigé en termes juridiques et comporte des mentions obligatoires :

  • La date et le lieu de signature. 
  • L'identité complète et la capacité des parties (état civil, régime matrimonial, profession...). 
  • La désignation précise du bien vendu (adresse, référence cadastrale, superficie, description, servitudes...). 
  • L'origine de propriété antérieure (nom du précédent propriétaire et référence de son propre titre). 
  • Le prix (s'il s'agit d'une vente) et les modalités de paiement (comptant, crédit...). 
  • Les déclarations et engagements des parties (sur les servitudes, l'urbanisme, les diagnostics...).

Sa rédaction et sa conservation par le notaire lui confèrent une force probante supérieure à un acte sous seing privé. Son authenticité ne peut être contestée que par une procédure spéciale (inscription de faux).

Mais il existe aussi des titres de propriété non notariés qui ont une valeur juridique, comme l'acte administratif (pour les acquisitions de biens publics), le jugement (adjudication, partage judiciaire...) ou encore l'acte sous seing privé enregistré (vente de gré à gré).

Exemple : Maya vend son pavillon à Marc par l'intermédiaire du notaire. L'acte authentique de vente signé devant lui mentionne l'identité de Maya (la venderesse), celle de Marc (l'acquéreur), le prix de 300 000 €, la désignation et l'origine de propriété du pavillon. Il est publié au service de la publicité foncière pour être opposable aux tiers. Cet acte constituera le titre de propriété de Marc, prouvant ses droits exclusifs sur le bien. Il lui permettra plus tard de revendre, donner ou hypothéquer à son tour la maison.

Les différentes formes de titres de propriété immobilière

Il existe plusieurs catégories de titres de propriété immobilière selon leur forme, leur auteur et leur portée. Les principaux sont :

  1. L'acte notarié

  • C'est le titre de propriété le plus courant et le plus sûr, établi par un notaire
  • Il peut constater une vente, une donation, un échange, un partage, un apport de bien immeuble. 
  • Il est rédigé en minute (original conservé par le notaire) et délivré en copie authentique aux parties. 
  • Il a une force probante et exécutoire : il fait foi jusqu'à inscription de faux et permet une exécution forcée. 
  • Il donne lieu à une publication au service de la publicité foncière (ex-conservation des hypothèques) pour être opposable aux tiers.

Exemple : acte de vente notarié, acte de donation-partage, attestation notariée immobilière...

  1. L'acte administratif

  • C'est un acte dressé par une autorité administrative (préfet, maire, direction des finances publiques...) constatant l'acquisition ou la cession d'un bien immobilier public
  • Il peut prendre la forme d'un arrêté, d'une délibération ou d'une décision
  • Il est soumis au droit administratif et au contrôle du juge administratif.

Exemple : arrêté de cessibilité, décision d'expropriation, procès-verbal de remembrement...

  1. Le jugement

  • C'est une décision de justice rendue par un tribunal qui constate ou transfère la propriété d'un bien immeuble. 
  • Il peut faire suite à une saisie immobilière, un partage judiciaire, une expropriation, une usucapion... 
  • Il a autorité de chose jugée et force exécutoire après signification aux parties. 
  • Il est publié au fichier immobilier pour être opposable.

Exemple : jugement d'adjudication, jugement de révision cadastrale, jugement déclaratif de propriété...

  1. L'acte sous seing privé

  • C'est un acte rédigé et signé par les parties elles-mêmes, sans intervention d'un officier public. 
  • Il peut constater une vente, une donation, un échange... mais de façon moins solennelle et sécurisée qu'un acte notarié. 
  • Il peut être enregistré au service des impôts pour avoir une date certaine et éviter la fraude. 
  • Mais il a une force probante plus faible qu'un acte authentique et un champ limité (pas de constitution d'hypothèque par exemple).

Exemple : compromis de vente, convention d'indivision, acte de partage amiable...

D'autres documents peuvent aussi valoir présomption de propriété sans être des titres complets :

  • L'attestation de propriété délivrée par un notaire en cas de succession. 
  • L'acte de notoriété dressé par un notaire en l'absence d'acte de propriété. 
  • La fiche d'immeuble délivrée par le service du cadastre. 
  • La déclaration d'achèvement des travaux (DAT) pour une construction nouvelle. 
  • Les factures de gros travaux prouvant l'existence d'un bien.

Quel que soit le titre de propriété, il est prudent de le faire vérifier par un notaire ou un avocat avant toute opération pour en contrôler la validité, la mise à jour et la portée exacte. Des vices de forme ou de fond peuvent l'affecter.

Les démarches pour obtenir un titre de propriété

  Pour obtenir la copie de votre titre de propriété, la démarche dépend de l'ancienneté et de l'origine de votre acquisition :

  • Si vous avez acheté récemment chez le notaire, c'est lui qui vous remet une copie authentique de l'acte de vente, après publication au fichier immobilier. Vous pouvez aussi lui en demander un duplicata ou une copie simple plus tard. 
  • Si votre acte date de moins de 75 ans, vous pouvez contacter l'office notarial qui l'a reçu pour obtenir une copie. S'il a cessé son activité, les archives ont été transférées à un autre office que vous pouvez retrouver via la chambre des notaires. 
  • Si votre acte date de plus de 75 ans, la minute a été versée aux Archives départementales du lieu de l'office. Vous pouvez les contacter pour obtenir une copie certifiée conforme (parfois payante). 
  • Si votre titre est un acte administratif, contactez l'autorité qui l'a délivré (mairie, préfecture, service des impôts...) pour avoir une copie. 
  • S'il s'agit d'un jugement, adressez-vous au greffe du tribunal qui l'a rendu (ou au tribunal de grande instance en cas de fusion). 
  • S'il s'agit d'un acte sous seing privé, retrouvez les originaux signés par les parties ou les éventuelles copies enregistrées au service de la publicité foncière.

En cas de perte ou destruction de votre titre, d'autres moyens permettent de reconstituer votre propriété :

  • Demander une attestation rectificative de propriété à votre notaire s'il a conservé la minute. 
  • Demander un acte de notoriété acquisitive au notaire du lieu du bien sur attestations de témoins. 
  • Solliciter un jugement déclaratif de propriété auprès du tribunal en prouvant une possession paisible, continue et non équivoque pendant 30 ans (prescription acquisitive). 
  • Fournir des preuves indirectes : cadastre, acte de succession, livre foncier (en Alsace-Moselle), quittances de loyer, factures de travaux... 

En cas de doute sur l'étendue de votre propriété (superficie, limites...) vous pouvez aussi faire réaliser un bornage par un géomètre-expert qui dressera un procès-verbal contradictoire avec vos voisins.

Comme vous le voyez, votre titre de propriété est précieux : conservez-le avec soin dans un coffre ou chez votre notaire ! C'est la clé de tous vos droits sur le bien.

L'utilité et les effets du titre de propriété

Disposer d'un titre de propriété en bonne et due forme est essentiel pour exercer pleinement vos droits et prérogatives de propriétaire. Ce document vous servira dans tous les actes de la vie de votre bien.

Concrètement, votre titre vous permet de :

  • Prouver votre qualité de propriétaire et l'opposer à tous (administrations, voisins, locataires...). 
  • Vendre votre bien à un tiers en transférant votre droit de propriété. 
  • Le donner à un proche de votre vivant ou par testament. 
  • L'apporter à une société civile immobilière (SCI) pour en optimiser la gestion et la transmission. 
  • Le démembrer (diviser l'usufruit et la nue-propriété) pour en transmettre la jouissance ou la valeur. 
  • L'échanger contre un autre bien de même nature et valeur. 
  • Le louer ou le prêter à un tiers en gardant votre droit de propriété. 
  • Le rénover ou le diviser (en lots, en parcelles...) en respectant les règles d'urbanisme. 
  • Faire valoir votre droit de servitude sur un fonds voisin (passage, écoulement...). 
  • L'hypothéquer pour garantir un emprunt et profiter de votre valeur patrimoniale. 
  • Faire jouer votre droit de préemption si le terrain est soumis à une préemption (DPU, ZAD, Safer...). 
  • Contester tout empiètement, occupation sans droit ni titre ou préjudice causé à votre bien.

Mais il vous oblige aussi à :

  • Déclarer votre bien et vos droits aux services fiscaux (taxe foncière, IFI..). 
  • Assumer les charges, réparations et responsabilités liées à la propriété du bien (impôts, entretien, dégâts...). 
  • Respecter les limites administratives du droit de propriété : expropriation, préemption, servitudes, saisie...

Votre titre est donc le sésame qui vous ouvre la porte de la propriété immobilière, un statut enviable mais qui a aussi ses contreparties ! Il matérialise le lien juridique exclusif et perpétuel entre une personne et un bien.

D'où l'intérêt de le faire établir rigoureusement lors de l'acquisition (par un notaire), de le conserver précieusement et de le mettre à jour régulièrement en cas de modification (division, changement d'état civil, servitude...). Un titre incomplet ou erroné, c'est la porte ouverte aux contestations !

Guy Hoquet répond à vos questions sur le titre de propriété

Un certificat de propriété est un document établi par un notaire à la suite d'une succession, pour attester de la dévolution du ou des biens immobiliers (et mobiliers) du défunt à ses héritiers. Il précise l'identité du défunt, la date et le lieu d'ouverture de la succession, la désignation des biens et droits transmis et l'identité des héritiers avec leurs quotes-parts. Il tient lieu de titre de propriété transitoire pour les héritiers, en attendant un éventuel partage notarié de la succession qui attribuera les biens. Il permet d'accomplir les démarches nécessaires (fiscalité, banque, assurance...).
Oui, il est indispensable de produire un titre de propriété régulier et complet (acte authentique ou jugement) pour vendre un bien immobilier chez le notaire. Cela permet de justifier de votre droit de disposer du bien et de purger d'éventuelles anciennes hypothèques ou servitudes grevant le bien. Le notaire consultera aussi le fichier immobilier pour vérifier la chaîne des propriétaires successifs, la désignation cadastrale du bien (numéro de parcelle) et les éventuelles publications le concernant (hypothèque, saisie...). En l'absence de titre, une attestation notariée ou un jugement déclaratif de propriété peuvent y suppléer transitoirement, sous réserve d'une "blindage juridique" du notaire.
Tout dépend de la nature de votre titre : 
  • Les actes notariés portant sur un immeuble (vente, donation...) sont obligatoirement publiés et enregistrés au service de la publicité foncière par le notaire, dans le mois suivant la signature. Cette formalité les rend opposables aux tiers. Une copie de l'acte est conservée au fichier immobilier.  
  • Les actes sous seing privé (ventes de gré à gré...) n'ont pas à être publiés mais il est recommandé de les faire enregistrer au service des impôts dans les 3 mois pour leur donner date certaine et éviter les éventuelles rétractations ou contestations. L'enregistrement génère des droits moins élevés qu'une vente notariée.  
  • Les jugements ou actes administratifs translatifs doivent être publiés au fichier immobilier par leur bénéficiaire. 
En cas de doute, interrogez votre notaire sur la publicité foncière de votre titre !
Non, un titre de propriété régulièrement établi a une durée indéterminée, du moins tant que le propriétaire conserve ses droits sur le bien. Il reste valable même très ancien et ne "périme" pas avec le temps. La propriété immobilière est par essence perpétuelle. Cependant, avec le temps, certaines mentions du titre peuvent devenir obsolètes ou incomplètes : changement de référence cadastrale, création de servitudes, mise à jour de l'état civil du propriétaire... Il est alors utile de faire actualiser son titre par un notaire pour éviter toute ambiguïté, par exemple avant une vente. Les actes de plus de 75 ans sont transmis aux Archives départementales.

L'essentiel à retenir sur le titre de propriété

  1. Le titre de propriété est l'acte juridique qui établit et prouve le droit de propriété d'une personne sur un bien immeuble. C'est la preuve officielle de sa qualité de propriétaire.
  2. Il peut prendre plusieurs formes : acte notarié, acte administratif, jugement, acte sous seing privé... L'acte authentique reste le plus sûr car il a date certaine et force exécutoire. 
  3. Il mentionne l'identité du propriétaire, la désignation cadastrale et la description du bien, l'origine de propriété et les éventuelles charges grevant le bien (servitudes, hypothèques...). 
  4. Pour l'obtenir, contactez l'office notarial où il a été signé ou les Archives départementales s'il date de plus de 75 ans. D'autres documents (acte de notoriété, cadastre...) permettent de reconstituer un titre perdu.
  5. Il sert à prouver sa propriété mais aussi à vendre, donner, échanger, hypothéquer, diviser son bien... C'est un sésame indispensable pour disposer pleinement de son droit de propriété. Mais il oblige aussi à certaines contraintes fiscales et légales.

Le titre de propriété est le symbole et le rempart juridique de la propriété privée immobilière. Sa solidité conditionne la pérennité de vos droits et la sécurité de vos opérations. N'hésitez pas à le faire vérifier et actualiser par votre notaire ! Mieux vaut prévenir que guérir les vices de titre.

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