
Le dépôt de garantie : une caution pour sécuriser la location d’un logement
Vous vous apprêtez à louer un logement ? Votre propriétaire va certainement vous demander de verser un "dépôt de garantie" en plus de votre premier loyer et des éventuels frais d'agence.
Cette somme, aussi appelée "caution locative", est une pratique généralisée dans la location immobilière. Elle vise à prémunir le bailleur contre les éventuels manquements du locataire (impayés, dégradations...).
Mais à combien s'élève ce dépôt ? Quand doit-il être versé et sous quelle forme ? Et surtout quand et comment vous sera-t-il restitué à votre départ ? Les explications de Guy Hoquet.
Définition : qu'est-ce que le dépôt de garantie ?
Le dépôt de garantie est une somme d'argent versée par le locataire au bailleur à l'entrée dans les lieux, en supplément des autres frais (loyer, charges, honoraires...).
Il sert à garantir au propriétaire le respect des obligations financières du locataire pendant toute la durée du bail :
- Paiement des loyers et charges jusqu'à la fin du préavis de départ.
- Prise en charge des frais de remise en état suite aux dégradations locatives (hors vétusté).
- Financement des travaux d'entretien et réparations incombant au locataire.
- Acquittement des factures individuelles (eau, gaz, électricité...) en cas de départ inopiné.
En cas de manquement, le bailleur peut conserver tout ou partie du dépôt en compensation de son préjudice, dans la limite du montant justifié.
Le dépôt de garantie a un caractère obligatoire pour le locataire (sauf exceptions) mais il est facultatif pour le bailleur qui n'est pas tenu de l'exiger. En pratique, la quasi-totalité des baux prévoient un dépôt.
Il se distingue d'autres garanties parfois demandées en plus :
- La caution d'un tiers (personne physique ou morale) qui s'engage à payer les dettes locatives à la place du locataire défaillant.
- La garantie Visale (gratuite) ou la GRL (payante) qui couvre le bailleur contre les loyers impayés.
- L'assurance loyers impayés souscrite par le bailleur pour se protéger en cas de contentieux.
Son utilité est donc de rassurer le propriétaire et d'inciter le locataire à bien entretenir le logement et à être à jour de ses paiements. C'est une sorte de "garde-fou" pour les deux parties.
Exemple : Julie loue un studio meublé à Paris pour son année d'études. Le loyer est de 700 € par mois, charges comprises. À la signature du bail, le propriétaire lui demande un dépôt de garantie de 700 €, qu'elle devra verser en plus du premier mois de loyer et des honoraires d'agence (200 €). Cette somme sera consignée jusqu'à son départ pour couvrir d'éventuels impayés ou dégâts.
Le montant et le versement du dépôt de garantie
Le montant du dépôt de garantie est plafonné par la loi selon le type de location :
- Pour une location nue (non meublée) à usage de résidence principale : le dépôt ne peut excéder 1 mois de loyer hors charges. Le bailleur ne peut pas demander plus, même si le locataire a un garant ou une caution extérieure.
- Pour une location meublée à usage de résidence principale : le dépôt est limité à 2 mois de loyer hors charges. Cette souplesse vise à pallier la plus forte rotation et dégradation des logements meublés.
- Pour une location saisonnière (bail de moins de 90 jours) ou une résidence secondaire : le montant du dépôt est libre, il n'est pas réglementé. Il est souvent de 25% à 50% du loyer total.
- Pour les locations HLM (habitation à loyer modéré), les logements-foyers et les résidences universitaires : le dépôt ne peut dépasser 1 mois de la redevance principale, quelle que soit la durée du bail.
En dehors de ces plafonds légaux, le bailleur est libre de fixer le montant du dépôt dans le bail, en accord avec le locataire. Il s'aligne généralement sur les pratiques du marché local.
Le versement du dépôt de garantie intervient au moment de la signature du bail, en même temps que les autres frais d'entrée (premier loyer, frais d'agence...). Il est exigible en un seul paiement et ne peut être fractionné.
Il fait l'objet d'une mention explicite sur le contrat, avec le montant et les modalités de restitution. Un reçu doit être remis au locataire.
Le dépôt peut être payé par chèque bancaire, virement ou carte bleue, mais pas en espèces (sauf exception pour les petits montants). Il est conseillé de faire un paiement traçable.
Pendant toute la durée de la location, le bailleur doit conserver le dépôt sur un compte spécifique, distinct de ses autres avoirs. Il ne doit pas l'utiliser pour financer des travaux ou des charges, sous peine de sanctions.
La restitution et le contentieux du dépôt de garantie
C'est souvent autour de la restitution du dépôt que naissent les litiges entre propriétaires et locataires à la fin du bail. Chacun défend son intérêt : l'un veut récupérer sa mise, l'autre conserver un maximum pour couvrir d'éventuels préjudices.
Pourtant, la loi encadre précisément les délais et modalités de cette restitution :
- Pour une location vide :
- Le bailleur a 1 mois après la remise des clés (précédée d'un préavis) pour restituer le dépôt, déduction faite des sommes dues.
- Ce délai est allongé à 2 mois si l'état des lieux de sortie fait apparaître des dégradations imputables au locataire.
- Pour une location meublée :
- Le délai de restitution est uniformément de 1 mois après le départ du locataire, que le logement ait subi ou non des dégradations.
- Au-delà, le bailleur doit verser au locataire 10% du loyer en sus par mois de retard, sauf motif légitime de non-restitution.
- Dans tous les cas :
- Le bailleur doit justifier et chiffrer précisément les retenues opérées sur le dépôt (impayés, réparations, nettoyage...) sur la base de l'état des lieux de sortie.
- Il doit restituer le solde sous forme d'un chèque ou d'un virement bancaire au locataire, accompagné d'un décompte détaillé.
- Le locataire peut contester les retenues abusives ou injustifiées dans les 3 ans suivant la fin du bail, en saisissant la commission départementale de conciliation (CDC) ou le juge.
Pour éviter ces conflits, il est essentiel d'établir un état des lieux d'entrée et de sortie le plus exhaustif possible, en présence des deux parties ou d'un huissier. C'est le document de référence pour évaluer les dégradations et le partage des responsabilités.
Pensez aussi à faire des photos et vidéos du logement à l'entrée et à la sortie pour objectiver son état et appuyer vos arguments en cas de litige.
Un conseil : quel que soit votre statut, adoptez une attitude constructive et courtoise lors de la restitution. Privilégiez le dialogue et la négociation pour trouver un accord amiable, plutôt que de vous enfermer dans un bras de fer stérile et coûteux. C'est dans votre intérêt mutuel !
Guy Hoquet répond à vos questions sur le dépôt de garantie
Puis-je utiliser mon dépôt de garantie pour payer mon dernier loyer ?
Quelles sont les dégradations locatives imputables sur le dépôt de garantie ?
Mon propriétaire peut-il augmenter mon dépôt de garantie en cours de bail ?
Que faire si mon bailleur refuse de me restituer mon dépôt à tort ?
L'essentiel à retenir sur le dépôt de garantie
- Le dépôt de garantie est une somme d'argent versée par le locataire au bailleur à l'entrée dans les lieux pour garantir le respect de ses obligations locatives (loyers, charges, entretien...).
- Son montant est plafonné par la loi à 1 mois de loyer hors charges pour une location nue et 2 mois pour une location meublée. Il est versé en une fois à la signature du bail.
- Pendant la location, le bailleur doit conserver le dépôt sur un compte séparé, sans l'utiliser à d'autres fins. Il sert de caution en cas d'impayé ou de dégradation.
- À la fin du bail, le dépôt doit être restitué au locataire dans un délai de 1 à 2 mois après son départ, déduction faite des sommes dues et justifiées. Tout retard ou abus est sanctionné.
- Pour éviter les litiges, il est crucial d'établir un état des lieux précis à l'entrée et à la sortie et de privilégier le dialogue en cas de désaccord. Le recours au juge est possible sous 3 ans.
Le dépôt de garantie est une sûreté efficace pour sécuriser les relations locatives, à condition d'être manié avec rigueur et bonne foi. Il ne doit pas devenir une source de conflit mais rester un outil de confiance et de responsabilisation mutuelle. Le meilleur dépôt est celui qu'on récupère intégralement !
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