Architecte des Bâtiments de France

Architecte des Bâtiments de France

L'Architecte des Bâtiments de France : le gardien de notre héritage architectural 

Vous avez un projet de construction, de rénovation ou d'aménagement dans un site patrimonial remarquable ou aux abords d'un monument historique ? Alors vous aurez sûrement affaire à un Architecte des Bâtiments de France. Ce fonctionnaire d'État, hautement qualifié, est chargé de veiller à la préservation et à la mise en valeur de notre patrimoine architectural et paysager. Un rôle crucial mais parfois méconnu ! 

Mais qui sont exactement les Architectes des Bâtiments de France ? Quelles sont leurs missions et leurs prérogatives ? Jusqu'où s'étend leur pouvoir de contrôle et de contrainte sur les projets immobiliers ? Et surtout, comment dialoguer avec eux pour concilier préservation et innovation ? 

Guy Hoquet lève le voile sur ces professionnels passionnés qui œuvrent dans l'ombre pour sauvegarder notre cadre de vie 

Définition et statut des Architectes des Bâtiments de France 

Les Architectes des Bâtiments de France sont des fonctionnaires d'État, relevant du ministère de la Culture. Ils appartiennent au corps des Architectes et Urbanistes de l'État (AUE), au même titre que les architectes-conseils de la DRAC, les architectes-urbanistes de la DREAL ou les urbanistes de l'État. 

Pour accéder à cette fonction, ils doivent être titulaires d'un diplôme d'architecture (Bac 6) et avoir réussi le concours national très sélectif organisé par le ministère. Une fois recrutés, ils suivent une formation complémentaire de 2 ans à l'École de Chaillot, la prestigieuse école du Patrimoine. 

On compte environ 180 Architectes des Bâtiments de France en France, soit un par Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine (UDAP). Ils sont placés sous l'autorité du Préfet de département et travaillent en lien étroit avec les Services Territoriaux de l'Architecture et du Patrimoine (STAP) et les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC). 

Leur champ d'intervention est vaste et varié : 

⚈  Les monuments historiques classés ou inscrits et leurs abords (périmètre de 500 m) 

⚈  Les sites patrimoniaux remarquables (ex-secteurs sauvegardés, ZPPAUP, AVAP) 

⚈  Les sites classés ou inscrits au titre des monuments naturels et des paysages 

⚈  Les aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP) 

⚈  Les édifices labellisés "Architecture contemporaine remarquable" (ACR) 

Leur rôle est de veiller à la qualité architecturale des constructions et à la préservation de l'harmonie des paysages dans ces espaces d'exception. Un défi permanent entre conservation et évolution ! 

Exemple : La maison de Jean se situe dans le périmètre d'une église classée Monument Historique. Pour rénover sa façade, il devra déposer une déclaration préalable en mairie et obtenir l'accord de l'Architecte des Bâtiments de France sur les matériaux et les couleurs employés. Un surcroît de formalités mais un gage de qualité ! 

Ce qu'il faut retenir : 

⚈  Les Architectes des Bâtiments de France sont des fonctionnaires d'État hautement qualifiés, diplômés en architecture et spécialisés en patrimoine. 

⚈  Ils interviennent dans les espaces protégés au titre des monuments historiques, des sites ou du patrimoine architectural. 

⚈  Leur rôle est de préserver la qualité architecturale et paysagère de ces lieux d'exception.

Les principales missions des Architectes des Bâtiments de France 

Les missions des Architectes des Bâtiments de France sont définies par le Code du Patrimoine (art. L621-1 et suivants) et le Code de l'Urbanisme (art. L313-1 et suivants). Elles consistent principalement à : 

 1. Instruire les demandes d'autorisation de travaux (permis de construire, permis d'aménager, déclaration préalable) dans leur périmètre d'intervention. Ils émettent des avis ("conforme", "favorable", "défavorable" ou "sans observation") qui s'imposent aux maires et aux services instructeurs. 

2. Contrôler la conformité des travaux réalisés avec les prescriptions émises lors de l'instruction. Ils peuvent dresser des procès-verbaux d'infraction en cas de non- respect et exiger la remise en état des lieux. 

3. Conseiller les collectivités et les porteurs de projet (particuliers, entreprises) pour intégrer au mieux les constructions nouvelles dans les sites protégés. Ils participent aux réunions de projet et formulent des recommandations sur les principes architecturaux à respecter. 

4. Sensibiliser le public et les professionnels à la connaissance et à la préservation du patrimoine par des actions de médiation (conférences, expositions, publications...). 

5. Participer à l'élaboration des documents d'urbanisme (PLU, SCOT) et des règlements des espaces protégés pour y intégrer les enjeux patrimoniaux. 

6. Piloter les études et les travaux de restauration des monuments historiques appartenant à l'État (cathédrales, châteaux, abbaye...).

Au-delà de ces missions régaliennes, les Architectes des Bâtiments de France jouent un rôle de médiateur et de pédagogue entre les acteurs de l'aménagement et de la construction. Ils doivent faire preuve de dialogue, de pragmatisme et de créativité pour concilier les enjeux de protection et de développement des territoires. 

Exemple : La ville de Nîmes souhaite rénover la place du marché, située dans le périmètre du secteur sauvegardé. L'Architecte des Bâtiments de France est associé dès la phase de conception pour définir le parti architectural et les matériaux à employer. Il veille à ce que le projet valorise les façades anciennes et s'intègre harmonieusement dans le paysage urbain. Une collaboration étroite et constructive ! 

Ce qu'il faut retenir : 

⚈  Les Architectes des Bâtiments de France instruisent les autorisations de travaux dans les espaces protégés et contrôlent leur conformité. Leurs avis s'imposent aux maires. 

⚈  Ils conseillent les porteurs de projet et sensibilisent le public à la préservation du patrimoine. 

⚈  Ils participent à l'élaboration des documents d'urbanisme et pilotent la restauration des monuments historiques d'État.

L'impact des avis des Architectes des Bâtiments de France 

Les avis émis par les Architectes des Bâtiments de France lors de l'instruction des autorisations de travaux ont une valeur juridique qui diffère selon le type d'espace protégé : 

⚈  Dans les abords des monuments historiques (périmètre de 500 m) : leur avis est dit "conforme", c'est-à-dire que le maire ne peut pas passer outre. S'il est défavorable, le projet doit être rejeté ou modifié. 

⚈  Dans les sites patrimoniaux remarquables avec PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) : leur avis est également "conforme" et lie l'autorité décisionnelle. 

⚈  Dans les sites patrimoniaux remarquables sans PSMV, les sites classés et les AVAP : leur avis est "simple", c'est-à-dire que le maire peut passer outre en cas de désaccord. Mais il devra motiver sa décision. En cas de désaccord persistant, le porteur de projet peut : 

⚈  Exercer un recours gracieux auprès du Préfet de Région qui tranchera après avis de la Commission Régionale du Patrimoine et de l'Architecture (CRPA). 

⚈  Exercer un recours contentieux auprès du tribunal administratif pour faire annuler l'arrêté de refus. 

⚈ Revoir son projet pour le rendre compatible avec les prescriptions de l'Architecte des Bâtiments de France. 

Mieux vaut cependant anticiper et dialoguer en amont avec l'architecte pour éviter les blocages. Un projet co-construit a plus de chances de voir le jour qu'un projet retoqué ! 

Exemple : Lucie veut agrandir sa maison située dans un site classé. Son architecte prend contact avec l'Architecte des Bâtiments de France dès l'esquisse pour valider les principes d'extension et les matériaux. Il adapte les plans en conséquence avant de déposer le permis de construire. 

Résultat : un avis favorable et un gain de temps précieux ! 

Ce qu'il faut retenir : 

⚈  Les Architectes des Bâtiments de France émettent des avis conformes (qui lient le maire) dans les abords des monuments historiques et les SPR avec PSMV. 

⚈  Ils émettent des avis simples (consultatifs) dans les autres espaces protégés. 

⚈  En cas de blocage, des recours sont possibles auprès du Préfet ou du tribunal administratif. 

⚈  Mieux vaut dialoguer en amont avec l'Architecte des Bâtiments de France pour co- construire un projet acceptable.

Guy Hoquet répond à vos questions sur l'Architecte des Bâtiments de France 

Non, la consultation de l'Architecte des Bâtiments de France dans le cadre de l'instruction des autorisations d'urbanisme est gratuite pour les porteurs de projet. Son coût est pris en charge par l'État et les collectivités via le budget du ministère de la Culture et des DRAC. 
Il ne faut donc pas hésiter à solliciter ses conseils en amont d'un projet pour en vérifier la faisabilité et la compatibilité avec les règles de protection du patrimoine. C'est un service public précieux pour garantir la qualité architecturale ! 
L'avis de l'Architecte des Bâtiments de France n'est pas requis pour les travaux d'entretien courant, de faible ampleur et qui ne modifient pas l'aspect extérieur du bâti. Par exemple :  
⚈  Le ravalement de façade à l'identique (même matériaux, même couleur)  
⚈  Le changement de fenêtres à l'identique (même matériaux, même partition) 
⚈  Les aménagements intérieurs sans impact sur les structures et l'aspect extérieur  
⚈  Les constructions nouvelles de moins de 12 m de haut hors site patrimonial  
Mais attention, même pour ces travaux, il faut souvent déposer une déclaration préalable en mairie. Et le maire peut toujours, s'il le juge utile, solliciter l'expertise de l'Architecte des Bâtiments de France pour en vérifier la conformité avec le règlement du site. 
En cas de doute, mieux vaut donc toujours se renseigner auprès de la mairie ou de l'UDAP avant d'engager des travaux. Une vigilance payante !
Pour trouver le contact de l'Architecte des Bâtiments de France de son département, il faut se rapprocher de l'Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine (UDAP) dont il dépend.  
Les coordonnées des UDAP sont disponibles sur le site internet du ministère de la Culture dans la rubrique "Patrimoine". On y trouve l'adresse, le téléphone et l'email de chaque unité. On peut aussi se renseigner auprès de sa mairie qui travaille en lien étroit avec l'Architecte des Bâtiments de France et peut faciliter la mise en relation. 
L'idéal est de solliciter un rendez-vous sur place avec l'architecte pour lui présenter son projet et recueillir ses conseils. Un temps d'échange privilégié pour établir un dialogue constructif ! 
Oui, il est possible de contester l'avis d'un Architecte des Bâtiments de France si l'on estime qu'il est infondé ou disproportionné. Deux voies de recours existent :   
⚈ Le recours gracieux auprès du Préfet de Région qui peut, après avis de la Commission Régionale du Patrimoine et de l'Architecture (CRPA), infirmer ou confirmer la décision de l'Architecte des Bâtiments de France. Ce recours est gratuit et doit être exercé dans les 2 mois suivant la décision.  
⚈ Le recours contentieux auprès du tribunal administratif qui peut annuler l'arrêté de refus pour vice de forme ou erreur d'appréciation. Ce recours nécessite souvent l'assistance d'un avocat et doit être exercé dans les 2 mois suivant le rejet du recours gracieux.  
Mais attention, la contestation ne doit pas être un réflexe systématique ! Les Architectes des Bâtiments de France fondent leurs avis sur des critères objectifs et légaux (co-visibilité, intégration dans le site, qualité architecturale...) qu'il est difficile de remettre en cause. Mieux vaut chercher le compromis par le dialogue que l'affrontement par le contentieux.  
Exemple : La mairie a refusé le permis de construire de Paul sous la pression de l'Architecte des Bâtiments de France qui juge son projet de garage trop impactant. Paul dépose un recours gracieux auprès du Préfet en argumentant sur l'absence de co-visibilité avec le monument classé. Mais la CRPA confirme l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France. Paul préfère revoir son projet plutôt que d'aller au contentieux. Sage décision !

L'essentiel à retenir sur l'Architecte des Bâtiments de France 

 1. L'Architecte des Bâtiments de France est un fonctionnaire d'État, architecte spécialisé dans la protection du patrimoine, placé sous l'autorité du Préfet de département. 

2. Il intervient dans les espaces protégés (abords de monuments historiques, sites patrimoniaux remarquables, sites classés) pour veiller à la qualité architecturale des projets. 

3. Ses avis, émis lors de l'instruction des autorisations d'urbanisme, sont conformes (s'imposent au maire) ou simples (consultatifs) selon le type de protection. 

4. En cas de désaccord avec l'Architecte des Bâtiments de France, le porteur de projet peut exercer un recours gracieux auprès du Préfet ou un recours contentieux auprès du tribunal administratif. 

5. Mieux vaut cependant dialoguer en amont avec l'Architecte des Bâtiments de France pour construire un projet harmonieux et adapté au site. Son expertise est précieuse pour valoriser notre patrimoine commun. 

L'Architecte des Bâtiments de France n'est donc pas un censeur mais un partenaire incontournable pour réussir un projet immobilier en secteur protégé. Loin des clichés, il cherche à concilier la création architecturale et le respect de l'héritage patrimonial, deux facettes indissociables de notre cadre de vie. 

Alors, si votre bien se situe dans un espace protégé, n'hésitez pas à solliciter en amont les conseils de votre Architecte des Bâtiments de France. C'est la clé d'un projet qualitatif et consensuel ! 

Les experts immobiliers de Guy Hoquet sont aussi à votre écoute pour vous guider dans les arcanes réglementaires et trouver le meilleur compromis entre vos envies et les exigences patrimoniales. Avec eux, votre projet prendra une nouvelle dimension !

Allez plus loin sur ce sujet 

Enrichissez vos connaissances avec ces sujets associés : 

⚈  Monument historique 

⚈  Permis de construire 

⚈  Ravalement 

⚈  Zone d'aménagement concerté (ZAC) 

⚈  Certificat d'urbanisme 

⚈  Surface Hors œuvre Nette (SHON)